Bertrand Léger travaille dans le domaine de la prévention des risques professionnels chez Equans depuis plus de 15 ans et depuis juillet 2020, il a pris la responsabilité santé-sécurité du périmètre Romand au sein du service HSQE dirigé par Charlotte Lebrun. Il nous raconte comment il en est arrivé à ce métier et à quoi ressemble son quotidien.
1. Comment se déroule une journée de travail ?
A chaque jour ses surprises, je pourrais résumer ainsi mon quotidien.
La prévention concerne tellement de sujets impactant l’entreprise que j’interviens à de multiples niveaux. Sur des thèmes très techniques tel que la sécurisation des travaux en hauteur, que sur la définition de nos standards en matière de mise sous-pression par exemple, mais aussi sur la formation des collaborateurs, la création de supports de communication, de partage d’expériences, d’audits, de visites de sécurité et le suivi des indicateurs. Mais je dois malheureusement parfois agir sur site lors d’accidents dans le but de réaliser l’analyse des causes pour éviter qu’ils ne se reproduisent ailleurs.
Le métier intervient essentiellement sur 3 axes :
- Promouvoir et partager la santé et la sécurité à tout niveau de l’entreprise
- Contrôler et suivre les actions sécurité
- Conseiller et appuyer les opérationnels dans leurs propres missions de sécurité
2. Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?
Les interactions avec les collègues, les clients, c’est un métier dont l’échange est important et qui me tient à cœur. Travailler ensemble, partager, mettre le facteur humain au centre de mon activité.
Avoir également le sentiment d’être utile à mes collègues, parfois contre leur gré, avec toujours l’objectif de préserver leur vie, leur santé et leur sécurité.
Globalement, participer à rendre sûres les activités de l’entreprise.
3. Où voyez-vous le plus grand défi à relever dans le cadre de votre travail ?
Transformer les ambitions de l’entreprise et ses principes en actions applicables quotidiennement.
La sécurité mobilise tout le monde et exige l’exemplarité de l’encadrement, ce qui peut parfois paraitre contraignant au quotidien, mais la moindre baisse de vigilance se traduit rapidement par la hausse de nos accidents ou de nos situations dangereuses… Je dois donc, avec toute l’équipe HSQE, mobiliser en permanence, trouver des innovations, communiquer justement pour impliquer tout le monde et surtout faire adhérer chacun dans cette juste ambition de l’entreprise où chaque collaborateur s’investit personnellement pour anticiper et réduire les risques de tous.
4. Quel est le profil d’un bon responsable santé-sécurité ?
Afin de mener à bien sa mission, le préventeur doit avoir une force de persuasion par son écoute, son discourt et ses actes.
Avoir une expertise technique, au-delà de l’aspect règlementaire, pour trouver la juste mesure, tout en sachant être parfois être intransigeant sur les règles lorsque la situation l’impose.
Il faut avoir conscience qu’en tant que spécialiste de la sécurité au sens de la loi sur le travail, sa responsabilité pénale est engagée dans nos décisions et nos préconisations.
5. Comment devient-on responsable santé-sécurité
Après avoir fait des études de management environnemental, je suis passé par des expériences professionnelles enrichissantes aussi bien au Centre de Recherche Industriel du Québec (CRIQ) que chez MATRA Automobile qui m’ont convaincu d’ajouter une spécialisation à mon cursus en « Sécurité au travail ».
J’ai ensuite intégré le groupe ENGIE, au service Sécurité de la Direction technique de COFATHEC (GDF) et durant la fusion GDF – SUEZ, j’ai pu participer à l’élaboration du système sécurité de COFELY France où j’ai pu bâtir l’outil de démarche d’évaluation des risques professionnels.
En 2013, grâce à une mobilité interne, j’arrive chez MINERG-APPELSA Services et aider Jean-François DUFOUR dans la démarche QHSE engagées et accompagner l’entreprise dans l’obtention de ses certifications sécurité et environnementale. En 2016, j’ai obtenu le titre de spécialiste CFST d’ingénieur sécurité avec la formation SUVA.
En juillet 2020, avec la création du périmètre Romandie, j’ai pris la responsabilité santé-sécurité pour la Romandie avec l’appui des équipes HSQE en place afin de contribuer à instaurer une Culture Sécurité commune et une démarche de prévention efficace.
Mon parcours est fait de rencontres importantes, d’échanges techniques et de débats (parfois très) passionnés… qui m’ont fait évoluer, mais aussi malheureusement, de gestion de crise avec des accidents professionnels. Ces situations sont l’occasion de toujours se rappeler que les collaborateurs, y compris nos sous-traitants doivent rester au centre de nos préoccupations, même face à une pression de délai et/ou financière toujours plus intense.
6. En quoi la crise sanitaire du coronavirus a-t-elle changé votre travail ?
A travailler sur des scénarios de crise et des plans de continuité d’activité très théorique, et même si en 2009 avec la grippe aviaire « H1N1 », nous avions un peu éprouvé la notion de pandémie, nous avons dû faire face avec la COVID-19 à une adaptation sans précédent pour notre génération.
Le service HSQE a été au cœur du plan de continuité afin d’adapter les règles édictées, proposer les mesures sanitaires spécifiques, valider les protocoles de reprise, alerter / informer les clients des mesures et des règles, approvisionner et fournir en masques chirurgicaux et FFP2, en produits désinfectants, suivre les contaminations et remonter les cas contacts.
Une période où la solidarité entre services, notamment avec les RH et l’IT a été essentielle afin de permettre aux opérationnels de fonctionner au mieux.
Cette crise a donné à notre activité santé-sécurité au travail une visibilité et crédibilité plus importante que nous devons maintenir pour les sujets sécurités actuelles et à venir.
J’ai pu expérimenter le télétravail, d’en mesurer ses avantages et ses limites pour trouver le bon équilibre entre ma vie professionnelle / vie personnelle. Ma qualité de vie au travail, passe aussi, par ces contacts « réels » avec mes collègues autour d’un café à la cafétéria ou autour d’une table sur les chantiers. Car la sécurité se fait sur le terrain et pas seulement au bureau.